L’étonnant univers de Georges Arditi

Il y est exposé, tel un préambule, dans les salles qui mènent à la grande exposition dédiée à Chagall politique. Commissaire de l’exposition, le directeur du musée Bruno Gaudichon entend ainsi mettre en valeur ce qui relie les deux artistes, et « notamment leur façon commune de parler du monde qui les entoure », eux qui ont en partage la culture juive, l’influence du milieu artistique parisien du début du XXe siècle, mais aussi le goût pour le théâtre et les arts décoratifs. C’est un univers étonnant qui se dévoile ici, empruntant d’abord aux maîtres anciens et aux surréalistes. Qu’il s’agisse de natures mortes, d’autoportraits ou de portraits de groupe, les personnages semblent figés dans leurs gestes, à la manière d’arrêts sur image. Un sentiment d’étrangeté et d’inquiétude sourde en émane, témoignant de la montée du fascisme puis de la guerre. Anxiété justifiée d’ailleurs, puisqu’en 1942, l’appartement parisien des Arditi est pillé et les œuvres de Georges dispersées. Après la guerre, ses peintures évoluent vers l’expressionnisme allemand, puis l’École de Paris dans les années 1950, dont sont présentées des vues urbaines et des paysages industriels. À la fin de ces années-là, Arditi découvre le Sud de la France et le mont Ventoux. L’évolution radicale de sa peinture aux confins de l’abstraction sera le propos de l’exposition l’été prochain à Saint-Rémy-de-Provence.