L’esprit animal invité de Saint-Riquier

Battant en brèche une vision cartésienne de l’animal perçu comme une machine dénuée de toute pensée, la réflexion porte sur ce qui nous rapprocherait de l’animal : ainsi, l’anima, que l’on peut traduire par le « souffle » qui donne vie, qui rapproche plus qu’elle ne distingue humanité et animalité, est examinée sous toutes les coutures. Les plasticiens rassemblés ici embrassent la totalité des êtres vivants, y compris l’homme, afin de mettre à mal notre prétendue supériorité sur « la bête ». Certains artistes, tels Aillaud, Cueco et Comar, jouissent de la diversité du réel pour célébrer la beauté fascinante des animaux dans leurs feuilles. D’autres, à l’instar des surréalistes, raccordent l’homme à l’animal afin de créer des créatures hybrides mystérieuses : les évocations animalières ensanglantées de Françoise Pétrovitch troublent tout autant que les animaux naturalisés excentriques de Benoît Huot. Enfin, une vidéo splendide de Karin Hellin, qui capte une partition aléatoire jouée par les danseurs et les oiseaux de Luc Petton (Compagnie Le Guetteur), s’avère particulièrement troublante, car, en observant une complicité évidente entre ces êtres dansant, on a l’impression que l’activité artistique serait la chose la mieux partagée entre animaux et humains. Des oiseaux artistes en somme…