Est-ce parce que la nature ne doit plus être séparée de l’humain que la scénographie s’est faite très « repliée » sur des murs gris comme pour signifier une nécessaire intériorité, une pause avec le temps de l’actualité ? Elle enjoint surtout le spectateur à filer, tel un détective, sur la piste des artistes conviés pour répondre à cette mission.
Sonia Lévy et Alexandra Arènes, Thierry Boutonnier, Sylvain Gouraud, Baptiste Morizot et Estelle Zhong Mengual se sont plongés dans le territoire de Belval, dans les Ardennes. Pourquoi ? Parce que la Fondation François Sommer y est ancrée et accueille en résidence des artistes depuis 2007 afin d’observer la faune et le milieu de cette réserve naturelle qui sert aussi d’institut « pour l’enseignement d’une chasse éthique et écoresponsable ». Les vivants du titre émergent. Animaux, plantes, humains, ils peuplent momentanément des territoires qui constituent autant de paysages à s’approprier par l’apprentissage de leur spécificité, enseignée à chaque œuvre. « Traquer », « Capter », « Pister » et « Sillonner » constituent autant de stations pour se déprendre du naturel et embrasser le territorial selon les préceptes de Bruno Latour, grand manitou de l’Anthropocène – « le » concept du moment qui déconstruit les notions de nature et d’écologie. Avec sa comparse, Frédérique Aït-Touati, metteure en scène et chercheuse au CNRS, ils ont pensé cette proposition où les œuvres offrent des expertises tant esthétiques que scientifiques sur ce que peut devenir un paysage si on l’affranchit de la nature.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°704 du 1 septembre 2017, avec le titre suivant : Les vivants
