Les Tuileries sous la Révolution

Obligés de quitter Versailles en octobre 1789, le roi, la reine et leurs enfants emménagent dans ce palais vide en plein Paris, où il faut maintenir « une partie du protocole » et construire « de nombreuses cloisons pour loger la cour et les domestiques, ainsi que des escaliers pour sortir discrètement », selon la commissaire Isabelle Aristide-Hastir. Car, aux Tuileries, Louis XVI et Marie-Antoinette sont constamment sous surveillance, y compris pour leur sécurité : l’exposition présente des cartes d’accès au palais, distribuées aux domestiques, aux proches du couple royal et aux gardes. Sur la seule représentation connue de la vie aux Tuileries, une gouache de 1791, on voit que le faste de la monarchie a déjà disparu, malgré l’ameublement raffiné. En pleine ébullition politique, gravures et caricatures diffusées dans les journaux et les clubs se multiplient. Isabelle Aristide-Hastir précise que « ces gravures se vendaient aussi à la criée, y compris en dehors de Paris », un moyen de propagande contre le couple royal. Représentés comme des gloutons ou des paresseux, Louis XVI et Marie-Antoinette suscitent des discours enflammés, malgré une contre-propagande royaliste. La correspondance secrète (et codée) de Marie-Antoinette avec le comte de Fersen révèle pourtant sa compréhension des enjeux politiques, loin de l’image d’une idiote écervelée, même s’il ne s’agit pas de « réhabiliter Marie-Antoinette », selon la commissaire.