Les trophées au-delà du sport

À l’initiative du Frac Sud, cette trilogie intitulée « Des exploits, des chefs-d’œuvre » a été conçue par le critique d’art Jean-Marc Huitorel. Avec ce troisième volet, le sport est abordé au prisme des croyances populaires et de la transformation du statut de ces objets dévolus à la compétition, considérés parfois comme des reliques, des symboles quasi cultuels. L’exposition se nourrit de trois sources : objets vernaculaires, objets sportifs liés à une mythologie des champions, et œuvres d’artistes. Ballons, raquettes, quilles, boules, planches de skate, gants de boxe, etc., la sélection de pièces rappelle combien l’art comme le sport produisent une forte mythologie. Les drôles de coupes en cire fondue de Thomas Tudoux interrogent les visiteurs sur la célébrité éphémère des sportifs : elles dialoguent avec des trophées issus des collections du MuCEM. Dans la partie consacrée à la boxe, la vidéo de Fatima Mazmouz sur son père boxeur voisine avec les gants de Marcel Cerdan prêtés par le Musée national du sport de Nice. On trouve aussi plusieurs planches de skate taguées par Gérard Deschamps, ou en céramique peintes de Bruno Peinado, confrontées à des pièces du MuCEM. Une collection de quilles en bois issue du Musée national des arts et traditions populaires s’avère d’une grande richesse quant aux formes, dimensions et essences utilisées. On peut y voir des sculptures ou des mini-totems. Quant aux ballons d’artistes (Laurent Perbos ou Fabrice Hyber, entre autres), ils se mélangent aux simples ballons et à ceux de compétitions mythiques, comme celui de la demi-finale du Mondial 1998. Un accrochage qui fait réfléchir sur la notion de regard et de statut de l’objet, toujours un peu mouvant.