Art ancien

Compiègne (60)

Les talents de Prosper Mérimée

Château de Compiègne – Jusqu’au 18 mars 2024

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 26 février 2024 - 309 mots

Monumental -  Archéologue, critique d’art, romancier, académicien, inspecteur des monuments historiques, collectionneur, mondain, dessinateur, sénateur et épistolier proche du couple impérial… Ce n’est plus un CV mais un véritable digest des ambitions culturelles de la fin du XIXe siècle.

La carrière de Prosper Mérimée a en effet de quoi donner des complexes à nombre d’aspirants écrivains comme aux protecteurs du patrimoine. Sa trajectoire, sans équivalent par sa polyvalence autant que par sa durée, incarne les valeurs de son temps autant que ses paradoxes. Difficile d’imaginer un cadre plus adapté pour raconter ce destin hors norme que les salles du château de Compiègne, temple du Second Empire. La présence de cette grande figure qui a régulièrement séjourné au palais lors des fameuses « séries » semble d’ailleurs hanter les murs de cette demeure. Plutôt que de le célébrer dans l’espace temporaire, les commissaires ont donc décidé d’égrener son parcours au fil des salles du château. Un choix d’autant plus probant qu’il permet de réunir un corpus pléthorique, à l’image de sa vie à multiples facettes. 230 œuvres, objets et documents jalonnent ainsi les grands appartements, dont les effets personnels que Mérimée a utilisés lors de ses séjours à Compiègne, à ce jour inédits. L’autre surprise, ce sont ses dessins et tableaux, très peu connus. Plus que pour leur qualité esthétique, ils valent surtout comme précieux témoignage de cette épopée qu’a été la sauvegarde des monuments historiques. Élégamment associés à des éléments lapidaires provenant de sites sur lesquels Mérimée est intervenu, ils racontent la philosophie et la démesure de ce programme titanesque. Enfin, impossible d’évoquer l’écrivain sans mentionner son grand succès littéraire : Carmen. Une section réunissant des costumes et des portraits rend hommage à ce mythe né de l’imagination fertile de cet insatiable touche-à-tout. La nouvelle a notamment inspiré Georges Bizet, qui en a fait l’un des opéras les plus célèbres de l’histoire.

« Prosper Mérimée (1803-1870) »,
Château de Compiègne, place du Général de Gaulle, Compiègne (60).

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°773 du 1 mars 2024, avec le titre suivant : Les talents de Prosper Mérimée

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