Pour sa treizième exposition, intitulée « Vestige », la Fondation Francès à Senlis invite Gavin Turk, artiste issu des Young British Artists, à dialoguer avec une douzaine d’artistes de la collection, tels Guillaume Bresson, les frères Chapman, Damien Hirst ou Subodh Gupta.
En exposant un sac poubelle, un gobelet en plastique taché, tous deux en bronze, Turk rend au déchet son rôle de témoin d’une époque. Il fait du recyclage un art et met sur un même plan ce qu’ont laissé les icônes de l’art (les ready-made de Duchamp, les canettes en bronze de Jasper Johns…) et l’ensemble des déchets que l’on abandonne quotidiennement. Divisée en deux temps (retour sur l’histoire de l’art et réflexion sur la société consumériste), l’exposition interroge sur la place que nous laissons aux résidus de l’humanité, qu’ils soient matériels ou… humains. Au rez-de-chaussée, une toile salie et abîmée, sur laquelle les Chapman sont intervenus, évoque la mémoire du passé. À l’étage, l’installation monumentale d’ustensiles de cuisine de l’Indien Gupta interroge l’objet érigé comme symbole d’une nation, comme appartenance à un mode de vie. Mais cette société marchande globalisée crée aussi de l’exclusion : on jette un homme à la marge comme on se débarrasserait d’un vulgaire déchet. La saisissante série de photographies (2003) de Jean Revillard, sur l’immigration clandestine à Calais, montre des oubliés en transit qui peuvent rester des mois entassés dans un abri de fortune où les objets et les hommes abandonnés se mêlent et se perdent, inexorablement.
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Les poubelles œuvres
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Abonnez-vous dès 1 €Fondation Francès
27, rue Saint-Pierre, Senlis (60)
www.fondationfrances.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : Les poubelles œuvres