Les pièges de Claire Morgan

Ses suspensions aériennes et géométriques sont formées d’étamines de pissenlits, de pétales de roses, de mouches ou de morceaux de sacs plastique collés le long de fils de nylon lestés par de petits plombs. À l’intérieur de ces espaces, des animaux empaillés, chouette, hérisson, canard, foncent, s’endorment, chutent... Fascination pour l’aérien et répulsion pour la matière organique. Il est question d’écologie, de vie et de mort, du lien rompu entre l’humain et l’animal, mais l’artiste évite les discours qui pourraient peser sur ses œuvres. Sur les murs, les dessins préparatoires témoignent de la minutie de la conception, mais aussi du travail de taxidermie qu’elle réalise toujours elle-même, malgré sept assistants engagés face à son succès grandissant. Pour sa première exposition personnelle dans un musée français, qu’elle a intitulée Trappings – signifiant à la fois ornements et pièges en anglais –, elle a choisit le Musée Joseph-Denais, situé à Beaufort-en-Vallée, à quelques kilomètres d’Angers. Le hasard n’a pas sa place dans l’histoire. Cet étonnant cabinet de curiosités, conservé intact depuis sa fondation en 1905, présente une belle galerie d’histoire naturelle où se côtoient peaux de crocodile, taupe albinos, coquillages de tous les océans et volatiles exotiques empaillés. Comme un écho à ceux pris dans les sculptures de Claire Morgan.