Les pensées en suspension de Ndayé Kouagou

Celle qui défend un projet axé sur la déhiérarchisation des espaces et des pratiques a choisi de présenter, pour sa première exposition au Frac, le travail d’un artiste autodidacte avec lequel elle partage « l’idée d’une institution ouverte », une attention portée à l’échange avec les publics et à l’accessibilité. Basée sur le langage et le dialogue, la pratique de Ndayé Kouagou procède de l’écriture, à laquelle il donne ensuite forme dans des performances, des conversations, des textes apposés sur des objets, ou enfin, depuis quelques années, des performances vidéo. Ce sont ces dernières, dans lesquelles il s’adresse directement à nous face caméra, qui structurent l’exposition, dont le parcours est guidé par les choix qu’il nous invite à faire. Par la reprise et le détournement des codes du marketing, mais également des réseaux sociaux ou du développement personnel, il déploie un « jeu avec le manichéisme et une vision binaire des choses du monde » selon les termes de la commissaire. C’est en effet avec humour et décalage qu’il nous met face à des questionnements universels auxquels il ne donne pas de réponses, que ce soit dans les paroles des vidéos ou dans des textes portés par des supports plastiques accrochés au mur. Derrière la simplicité des paroles et l’apparente absurdité de la démarche, le projet est malin, subtil et profondément drôle. L’exposition se conclut avec une œuvre produite par le Frac, qui présente des « pensées en suspension », littéralement : des textes insérés dans des cadres accrochés au plafond offrent des réflexions sur l’amour, la religion et autres thèmes universels. Avec un dispositif accessible et ludique, cette exposition propose une savoureuse exploration de nos intériorités et nos insécurités.