Artiste danois dont les œuvres sont très présentes dans les grandes foires internationales d’art contemporain, Asger Jorn (1914-1973) reste malheureusement encore trop mal connu en France. Il arrive même qu’il soit confondu avec le peintre américain Jasper Johns. Figure majeure et protéiforme de l’art du xxe siècle, il a simultanément pratiqué la peinture, la sculpture, la gravure, la céramique, la musique, et publié de nombreux écrits sur des artistes tels Henri Michaux ou Sam Francis aussi bien que sur des sujets aussi variés que l’architecture, l’art populaire ou le yin et le yang.
Très tôt, Jorn porte sur le monde un regard à la fois critique et utopiste. Il adhère au parti communiste, découvre la peinture expressionniste lors d’une exposition itinérante et décide de quitter le Danemark pour gagner Paris en motocyclette en 1936. Il travaille alors dans l’atelier de Fernand Léger, rencontre Le Corbusier, et subit l’influence de Miró, Klee ou Jean Arp.
De retour au Danemark, il participe à la résistance antinazie tout en continuant activement ses recherches plastiques et théoriques. L’immédiat après-guerre le voit s’engager dans le surréalisme révolutionnaire, rapidement suivi par la création du groupe Cobra (pour COpenhague-BRuxelles-Amsterdam), avec l’ambition d’élaborer un art le plus éloigné possible de cette culture qui a vu prospérer les abominations de la Seconde Guerre mondiale. Le groupe fonctionnera jusqu’en 1951.
Jorn crée alors le Mouvement pour un Bauhaus imaginiste, en réaction au fonctionnalisme de Max Bill. En 1955, il développe des relations avec l’Internationale lettriste réunie autour de l’écrivain Guy Debord, avec lequel il fonde l’Internationale situationniste en 1957. Relater toutes les entreprises qu’a initiées ou soutenues Asger Jorn prendrait plusieurs pages. Ajoutons toutefois qu’il a créé un important musée d’Art contemporain au Danemark, à Silkeborg, qu’il a écrit des livres publiés sous l’égide de l’Institut scandinave de Vandalisme, et qu’il fut membre actif du Collège de pataphysique.
La maison du Danemark à Paris nous invite à redécouvrir cet artiste jamais apaisé en présentant une soixantaine d’œuvres réalisées entre 1937 et 1972, offrant un exceptionnel regard sur ces trente-cinq années de création ininterrompue.
« Asger Jorn, l’univers d’un Cobra », maison du Danemark,142, avenue des Champs-Élysées, Paris VIIIe, tél. 01”ˆ56”ˆ59”ˆ17”ˆ40, www.maisondudanemark.dk, jusqu’au 6 avril.
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Les nombreuses vies d’Asger Jorn
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°600 du 1 mars 2008, avec le titre suivant : Les nombreuses vies d’Asger Jorn