Carl David Friedrich (1774-1840) reste, pour la postérité, le peintre romantique qui a su traduire l’émotion religieuse de l’homme face à la nature. Le tableau peint vers 1818, Le Voyageur devant la mer de nuages, résume son œuvre. La rétrospective de Vienne est l’occasion de nuancer cette vision et de mieux comprendre cet art complexe que Werner Hofmann, dans un livre récent (Une époque en rupture, 1750-1830, Gallimard, 1995) définissait comme une représentation « iconique » du paysage. C’est-à-dire que la vision romantique du paysage selon Friedrich n’est en rien la traduction directe du sentiment de l’artiste face à la nature. Il ne pose pas son chevalet devant les blanches falaises de Rügen. Friedrich construit bien une « icône » avec ses règles de composition propres, ses codes visuels, en assemblant dessins et aquarelles préparatoires. Sa nature est bâtie comme une cathédrale, faite de subtiles symétries, de plans successifs, de focalisations et de panoramas.
Il assemble un groupe esquissé ici, des ruines peintes ailleurs, une branche dessinée avec un soin de botaniste. Il ajoute la brume et la nuit. Ce qu’il montre ? Certainement pas la nature. Mais un langage qui parle de Dieu et de ses mystères, de l’homme et de la mort. D’où ses thèmes récurrents, ses figures obsédantes qui plairont tant aux surréalistes.
Vienne, Kunsthistorisches Museum, jusqu’au 26 juin.
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Les mystères de Friedrich
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°497 du 1 juin 1998, avec le titre suivant : Les mystères de Friedrich