À Dijon, les portraits contemporains de la photographe Virginie Marnat-Leempoels éclairent d’un nouveau jour la collection de portraits peints du Musée Magnin. Une confrontation intéressante et pourtant peu développée.
Qu’il soit peint ou photographique, le portrait présente à travers les siècles le même travail sur la lumière qui vient dessiner les contours du visage, accentuer les traits caractéristiques du modèle et atténuer les détails fugaces. Loin d’une imitation trait pour trait d’un visage, il doit révéler une personnalité : la ressemblance se saisit dans la permanence du sujet portraituré. Une recherche particulièrement évidente dans les trois âges de la vie qui rapproche le Portrait de jeune fille (1630-1640) d’un anonyme hollandais, le portrait de Lydia (2005) et celui d’Une vieille Vénitienne (1851 ?) d’Eugène Giraud.
Autour du visage, le costume ancre, au contraire, l’individu dans son époque et affirme son statut social: l’artiste à la chemise ouverte (Le Vieux Peintre, anonyme, XVIIIe siècle), le militaire au vêtement ajusté (Portrait d’un officier, Johann Julius Heinsius, 1807) et la courtisane à la poitrine dénudée (Une courtisane, anonyme florentin ?, XVIe siècle). À celle-ci répond le portrait contemporain d’une prostituée au même maquillage outrancier (Toutes mes copines sont des putes, 1999).
À l’étage, le portrait filmé (Thibaud, 2011) du jeune garçon au regard fixe face à la caméra joue sur la frontière entre portrait figuré et face-à-face réel. La vidéo, plus vivante que l’image figée, rend plus perceptible la personnalité de l’enfant, à travers son regard mobile et les légers mouvements dus à sa respiration. Autour, les portraits peints semblent prendre vie.
Sur les thèmes de l’autoportrait, des profils, des âges, de la beauté, cette galerie typologique, qui aurait gagné à être plus concise, révèle la difficulté pour l’artiste à saisir dans son œuvre une personnalité au-delà des traits physiques. Une difficulté que l’objectivité photographique ne résout pas. Pour Virginie Marnat-Leempoels, le portrait reste « l’impossibilité figurée de représenter une personne dans sa globalité […] donc à chaque fois une illusion et une vérité ».
Musée Magnin, 4, rue des Bons-Enfants, Dijon (21), www.musee-magnin.fr
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Les multiples visages de la collection Magnin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°649 du 1 septembre 2012, avec le titre suivant : Les multiples visages de la collection Magnin