Prévue dans l’Orangerie du parc Tête d’or à l’été 2020, la première exposition monographique d’Edi Dubien a finalement investi tout le premier étage du Mac fraîchement rénové, avec plus de trois cents œuvres, dont la majeure partie a été réalisée pour l’occasion.
Artiste autodidacte né en 1963, Edi Dubien est principalement connu pour ses dessins de jeunes garçons, androgynes et hybrides, desquels se dégage une atmosphère mélancolique. Dans ces (auto)portraits, le vide occupe une place prépondérante, les aplats de couleurs pastel et les coulures d’aquarelle sont signifiants, tout comme les nombreux attributs symboliques (maquillage, végétaux, etc.) dont les figures sont parées. Tous ces éléments concourent à donner à voir un sentiment d’instabilité, d’incertitude, d’impermanence même, et à troubler l’ordre établi des choses. Pour Edi Dubien, dont l’histoire personnelle imprègne le travail, la création est cathartique. Dans cette exposition pensée comme un projet global, « tout parle de chaos, d’enfance, de genre, de nature, de résilience et d’amour ». Le parcours est conçu comme un cheminement, de l’enfance à la « libération » des carcans de la société normative et oppressive, libération atteinte grâce à la fusion avec la nature. Si les quelques toiles grand format et les installations réalisées pour l’exposition sont moins convaincantes, l’accrochage des dessins sur de larges pans de murs est très réussi : l’accumulation et l’agencement les subliment tout en renforçant leur force symbolique. « L’homme aux mille natures » est une exposition séduisante, un plaidoyer subtil et émouvant en faveur de la tolérance, de l’inclusion et de la résilience.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°739 du 1 décembre 2020, avec le titre suivant : Les mille natures d’Edi Dubien