Les métamorphoses d’Iris Van Herpen

Ici, les femmes peuvent porter une vague marine, avec ses éclaboussures, ses élans, sa sauvagerie, la lumière qui s’y réfléchit. La robe Water d’Iris van Herpen, faite de vagues de PETG thermoformé, capture le mouvement de l’eau et son caractère insaisissable. ­Pendant qu’on la contemple, une composition sonore créée par Salvador Breed flotte dans les airs et nous enveloppe. Est-ce un rêve ? Un conte merveilleux ? Sans doute. L’exposition immersive du Musée des arts décoratifs déploie ainsi l’univers envoûtant de l’une des créatrices les plus avant-gardistes de sa génération. Car il n’est pas ici question d’une exposition de haute couture, mais bien d’un univers qui se donne à contempler et ressentir au long des neuf sections qui constituent la rétrospective de cette créatrice néerlandaise de 39 ans. Conjuguant un goût prononcé pour les savoir-faire artisanaux et les sciences qui l’inspirent dans l’élaboration de nouveaux matériaux, à un regard émerveillé sur le monde qui ne s’est pas émoussé avec l’adieu à l’enfance, Iris van Herpen nous entraîne dans un voyage sensoriel au cœur de sa création, où les robes se changent en vague, en corail à fleurs aux pétales traversés par le vent, en squelette, en araignée, en âme. Au long de ce parcours puissamment onirique, elles dialoguent avec des œuvres d’artistes contemporains comme avec un cabinet de curiosités, témoignant de l’attrait d’Iris van Herpen pour les formes issues de la nature ou les êtres microscopiques que représentait au XIXe siècle, dans ses planches, le biologiste Ernst Haeckel. Le parcours s’achève en un « voyage cosmique » où les robes flottent dans l’espace comme des êtres-planètes, loin au-dessus de l’univers des podiums, pour constituer une installation – pardon, une constellation – dont on se demande si elle ne relève pas aussi et surtout du champ de l’art contemporain.