« Love it or leave it » : cette expression américaine (« Aimez-le ou laissez-le tomber ») convient parfaitement à la peinture de George Condo, un Américain né en 1957.
Face à ses personnages déformés à outrance, que l’artiste nomme humanoïdes, on ne peut qu’être horrifié ou fasciné – voire les deux simultanément – mais jamais indifférent. On pourrait même évoquer une forme de néo-expressionnisme, tant cette peinture cherche à atteindre brutalement, voire à choquer le spectateur. Condo ne s’offusquera pas de cette affiliation, car il est habitué à faire feu de tout bois. Il peut être assimilé au pop art – il fut pendant une courte période un des assistants de Warhol –, aux comics, à la bande dessinée et à ce que l’on nomme « bad painting ». Ce style, né aux États-Unis, qui emprunte aux arts de la rue (graffitis, pochoirs ou affiches) est une réaction provocatrice face à l’art minimal et à l’art conceptuel qui dominent alors le paysage artistique. S’inspirant des idéologies marginales (punk, rock, etc.), des artistes comme Julian Schnabel ou Peter Saul pratiquent durant les années 1980 une peinture « sale » ou plutôt vitaliste, qui se plaît dans l’excès. La particularité de Condo est l’admiration qu’il voue aux grands maîtres – Picasso est son Dieu –, qu’il paraphrase, voire saccage. Au cours de ses séjours en Europe, comme l’écrit joliment Françoise Monnin : « De Goya, il ne retient que les mentons en galoche et de Velázquez, les bajoues flasques. » Il est possible d’être séduit par cette forme d’iconoclasme artistique. Cependant, un danger guette toute destruction systématique : sa banalisation.
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Les humanoïdes envahissent la principauté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°766 du 1 juillet 2023, avec le titre suivant : Les humanoïdes envahissent la principauté