Certaines tapisseries n’ont pas eu le temps de passer au soleil. On retrouve au Mobilier National, jamais montrées, démodées presque aussitôt après leur achèvement, bon nombre des grandes commandes de la première moitié du siècle, dont les ambassades au goût trop conventionnel et les ministères trop branchés ne veulent plus pour leurs corridors et leurs antichambres. Il faut saluer le courage et l’intelligence de Jean-Pierre Samoyault, conservateur fort savant et administrateur du Mobilier National, qui entreprend, avec cette exposition, une exhumation prenant des allures de réhabilitation. Certes, un Pierre Marcel-Béronneau, avec Salomé danse pour Hérode, continue à faire du Gustave Moreau en 1923. Mais la plupart des artistes ici montrés tentent d’inventer un langage propre au genre de la tapisserie : Marcel Gromaire renoue, avec La Terre, en 1939, avec les grandes tentures allégoriques de l’époque classique, Lurçat fait ses débuts, Maurice Denis invente des bordures en guirlandes. Cette exposition est l’occasion de redécouvrir Louis Billotey, Pierre Duclos de la Haille ou Augustin Hanicotte. On remarque, à côté des tapisseries, parmi d’autres meubles recouverts et qui semblent sortir des housses où on les a laissés plus d’un demi-siècle, le superbe mobilier dit « du Salon de la Guerre », exécuté en 1925 par Robert Bonfils, élève de Cormon.
BEAUVAIS, Musée de la Tapisserie, jusqu’au 30 novembre, cat. 128 p., 120 F.
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Les Gobelins de l’entre-deux-guerres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : Les Gobelins de l’entre-deux-guerres