Art contemporain

Paris-7e

Les fractures de l’Amérique vues par Andres Serrano

Musée Maillol – Jusqu’au 20 octobre 2024

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 25 juin 2024 - 315 mots

Art Contemporain  - Il n’y a jamais eu de rétrospective « Andres Serrano » d’une telle ampleur en France.

Et encore moins aux États-Unis, son pays natal, qui n’en a programmé aucune pour l’instant. Du moins dans les grands musées, comme s’ils craignaient de déclencher de violentes critiques et polémiques de la part de leurs mécènes et du public, à l’image de celles que provoquées, à la fin des années 1980, par Piss Christ, photographie d’un Christ plongé dans un bocal d’urine. À six mois des élections américaines qui consacreront le 47e président de États-Unis, la rétrospective que signe, au Musée Maillol, Michel Draguet, ancien directeur des Musées royaux des beaux-arts de Bruxelles, permet de comprendre les différentes dimensions d’une œuvre qui ne cesse depuis quarante ans de s’intéresser aux fractures profondes de la société américaine et au christianisme, plus précisément à l’iconographie que ce dernier a généré dans l’histoire de l’art. Au deuxième étage du musée, une nouvelle série de photographies dialogue avec des œuvres d’Auguste Rodin : ce sont des photographies de sculptures, notamment de Michel-Ange, associant différentes techniques dont la peinture. Par le portrait, et lui seul, posé, frontalement et mis en scène, aux couleurs flashy et au format plus grand que nature, Serrano (né en 1950) explore la violence, le racisme, la prégnance chrétienne et l’ordre moral puritain qui traversent l’histoire des États-Unis. Des portraits d’Amérindiens en costumes traditionnels, ou d’Américains réalisés en réponse au 11-Septembre, jusqu’à l’installation Trumperie, construite à partir de milliers d’artefacts qu’il a glanés concernant Donald Trump, le regard qu’il porte sur son pays n’est toutefois nullement critique, mais plutôt celui d’un anthropologue. Au fil du parcours, le portrait d’un « chrétien et patriote » comme il se définit lui-même, se dessine, indissociable du collectionneur d’art du Moyen Âge et de la Renaissance, mais aussi d’artefacts relatifs à l’histoire de son pays, en particulier les drapeaux américains historiques qu’il met en scène.

« Andres Serrano. Portraits de l’Amérique »,
Musée Maillol, 61, rue de Grenelle, Paris-7e, www.museemaillol.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°777 du 1 juillet 2024, avec le titre suivant : Les fractures de l’Amérique vues par Andres Serrano

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