À l’occasion du festival Europalia consacré à la Roumanie, Bozar propose la première rétrospective belge du père de la sculpture moderne, Constantin Brâncuși (1876-1957).
Le thème large, déroulé chronologiquement dans une dizaine de salles, est la forme. L’ensemble témoigne des recherches pointues de ce précurseur autour de l’essence, de la sublimation et, surtout, de l’expression du mouvement. Le visiteur rencontre ses sculptures les plus notables telles que La Muse endormie (1910), une version du Baiser (1907) ou Léda (1926). Certaines sont mises en abyme par la présence d’œuvres de ses contemporains, comme le Sommeil qui est confronté au Sommeil de Rodin. C’est une véritable plongée dans l’univers du sculpteur que propose cette exposition extrêmement bien documentée car accompagnée de nombreuses photographies. Signalons la première salle qui, expliquant qu’il considérait l’image comme de la sculpture, justifie le rôle pivot des nombreux clichés photographiques réalisés au cours de sa vie. On y découvre également un article publié dans un des premiers numéros de L’Œil de 1957, où l’on peut lire : « Il est difficile d’imaginer maintenant que La Princesse X, poème de marbre blanc, traduit en bronze poli, pur et fantastique, fut accusé de phallisme total et expulsé du Salon des indépendants, malgré quelques protestations, le matin du vernissage, parce que : “M. le Ministre doit venir, et on ne peut tout de même pas lui montrer ça !” », ce qui serait encore moins pensable de nos jours.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : Les formes de Brâncusi
