Art contemporain

musée

Les fantômes de Philip Guston

Par Damien Sausset · L'ŒIL

Le 1 juin 2000 - 262 mots

Philip Guston est un peu l’oublié de l’expressionnisme américain.

Son nom ne brille pas du même éclat que celui de Jackson Pollock, Clyfford Still ou Willem de Kooning. Cela est-il dû au fait qu’il soit né à Montréal ou plus sûrement au basculement que subit son art durant les années 60, passant ainsi d’un style abstrait à un engagement figuratif très marqué par les luttes souterraines de ces années-là. Ici, se situe sans doute le nœud du problème et cette incompréhension dont fut longtemps victime son œuvre. Avec 45 pièces s’échelonnant de 1947 à 1979, le spectateur saisit combien Guston appartient au début des années 50 à la mouvance la plus extrême de l’expressionnisme abstrait. Avec ses gestes faussement hésitants, ses compositions habilement déconstruites, Guston s’affirme d’emblée comme l’un des seuls à comprendre combien le mouvement auquel il se rattache conduit inéluctablement à une impasse. On ne peut indéfiniment produire du geste. Un jour les émotions laissent émerger les fantômes de figures qu’elles soient humaines ou non. Dès le début des années 60, c’est même dans cette direction qu’il s’engage. Alors que l’expressionnisme est alors tenu pour un style dépassé, il poursuit inlassablement ses recherches. Les toiles se vident lentement de toute couleur pour se concentrer sur des figures qui soudain s’évadent de la matière. Dans les années qui suivent, les personnages évoquent soudainement le fascisme souterrain qui structure la société américaine. Désormais, fond et figure se répondent dans des toiles où la couleur et le trait sont réduits à leur plus simple expression.

OTTAWA, National Gallery of Canada, jusqu’au 30 juillet.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°517 du 1 juin 2000, avec le titre suivant : Les fantômes de Philip Guston

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque