Les portraits de Dorothée Smith ne s’oublient pas. La douce gravité teintée de mélancolie, d’attente, de rêverie ou d’intériorisation dans les regards ou les attitudes des jeunes gens qu’elle photographie ramène à la fragilité des genres et aux désirs suspendus.
Le regard délicat, à la palette chromatique d’un bleu grisé laiteux, spectral, que la jeune femme pose sur sa génération, sur ces corps, ces visages androgynes ou non, évoque, invoque, la question de l’identité, de l’entre-deux. À la violence des sentiments, des questionnements, des actes et des préjugés que cette transition ou cette question du genre provoque, elle appose une (in)tranquillité teintée de romances, de présences absentes ou d’absences présentes aussi prégnantes que sensuelles. La réunion pour la première fois au pavillon Vendôme de Clichy de ses différents travaux photographiques réalisés depuis 2007, couplés au film inédit Septième Promenade (2013) et à deux de ses installations, dont la dernière, Spectrographies, elle aussi jamais montrée, convoque à cet égard un émouvant et troublant jeu de correspondances où la hantise s’immisce au travers de spectres filmés à la caméra thermique. Pour paraphraser Dominique Baqué dans Löyly. Dorothée Smith aux éditions Filigranes, ouvrage relatif à cette exposition, on regarde ces êtres advenir à eux-mêmes seuls, à côté de la désincarnation de l’être aimé, obsédante figure qui dans les dernières œuvres hante lit ou paysage d’hiver ou de neige, dans une chorégraphie de corps invisibles à leurs yeux, mais pas aux nôtres.
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Les fantômes de Dorothée Smith
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Abonnez-vous dès 1 €Pavillon Vendôme, Centre d’art contemporain, 7, rue du Landy, Clichy (92), www.ville-clichy.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : Les fantômes de Dorothée Smith