Mal vu, mal connu, Rops intrigue autant qu’il dérange. La Dame au cochon-Pornokratès, la célèbre gravure qui l’identifie, en fait le dessert. Sa manière est à la fois plus fine et plus perverse que cela.
Réunissant exclusivement des œuvres collectionnées par un couple épris de son travail depuis un demi-siècle, cette rétrospective montre que, si Rops flatte Ève réduisant l’homme à ses plaisirs (La Dame au pantin), il fustige aussi la femme qui se donne à Satan (L’Idole). Entre débauche et possession, il engendre un monde où la décadence niant les conventions danse avec la mort. On n’est pas loin du Goya des Caprices. Comme la plaque de cuivre avec la pointe sèche, Rops attaque dans des allégories impudiques les vices et la vénalité d’une bourgeoisie qui pourtant fait sa fortune. Son grand talent de graveur évite que ces images ne tombent dans la vulgarité. La morsure des idées est aussi vive que celle des traits. Pas de repentir chez lui, dans la vie comme sur le dessin. Rops, « ni vertueux ni hypocrite », assume ses provocations. Autour de 1880, il est un des artistes les mieux payés de Paris. Barbey d’Aurevilly, Baudelaire, Rodin lui sont proches. Sa part d’ombre s’éclaire dans la peinture de paysages. « J’y entrais comme en religion. » Ce volet ignoré constitue une découverte. Dans les tableaux qui clôturent le parcours, la mer, les nuages, les bords de Meuse, Anvers sont restitués dans la lumière du Nord avec beaucoup de poésie. C’était les moments de récréation secrets de Félicien le Malin.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les diableries sans repentirs de Rops
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €L’arc - Scène nationale Le Creusot, esplanade François-Mitterrand, Le Creusot (71), www.larcscenenationale.fr
Légende Photo :
Félicien Rops, Eritis Similes Deo, gravure rehaussée de couleurs. © Sylvain Baligand
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°695 du 1 novembre 2016, avec le titre suivant : Les diableries sans repentirs de Rops