« Ô saisons, ô chats ! » Avec ce titre détournant le vers « Ô saisons, ô châteaux ! » d’Arthur Rimbaud, Alain Séchas nous met d’emblée face à la dimension humoristique de son œuvre.
Les protagonistes de cette exposition, des personnages hybrides au visage de chat et au corps humain, habitent le château du XVIIe siècle abritant la Maison d’art Bernard Anthonioz. Alain Séchas, dont les œuvres font aujourd’hui partie des plus grandes collections publiques françaises, déploie depuis les années 1980 un univers fantaisiste et original dans divers médiums. Réalisée avec le concours de la Galerie Laurent Godin, cette exposition rassemble, outre deux sculptures, des peintures et dessins récents et inédits. Seuls, en couple ou en groupe, les « chats » de Séchas se prélassent sur la plage, promènent leur chien ou fument des cigarettes dans leur salon. Ces scènes quotidiennes côtoient des peintures de fleurs et d’autres détournant des représentations classiques de l’histoire de l’art (les trois Grâces, un chevalier ou une amazone). Déjouant la figuration traditionnelle, Alain Séchas pose des aplats de couleur en arrière-plan de ses dessins au trait rapide et précis, mais va encore plus loin en exposant dans une salle deux peintures abstraites, sans lien apparent avec les autres représentations. Aujourd’hui encore à la croisée d’un art populaire et référentiel, Alain Séchas propose à travers l’univers de ces chats humanoïdes une vision du monde où banalité, dérision et absurdité s’accordent parfaitement.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : Les chats pitres de Séchas