Aix-en-Provence (13)

Les caprices Vénitiens de Canaletto à Aix

Caumont Centre d’Art Jusqu’au 13 septembre 2015

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 23 juin 2015 - 313 mots

Les Aixois attendaient avec impatience la rénovation d’un des joyaux de la ville : l’hôtel de Caumont. Ce majestueux édifice du XVIIIe siècle qui a connu une histoire chahutée a bénéficié d’un vaste chantier pour renaître en centre d’art, propriété de Culturespaces.

On reconnaît d’emblée la patte de l’opérateur : des espaces cosy, un propos clair et des prêts considérables. Pour sa manifestation inaugurale, le centre d’art propose une monographie de Canaletto. Encore une, serait-on tenté d’ajouter. Car plusieurs expositions ont déjà porté aux nues le maître vénitien de la veduta. Mais l’exposition tire son épingle du jeu en sortant des sentiers battus et en abordant des corpus moins connus de Giovanni Antonio Canal (1697-1768). Si les vues lumineuses de la Sérénissime qui ont bâti sa célébrité sont bien représentées, le parcours apporte aussi un éclairage sur les autres sites qu’il a immortalisés. Ce Grand Tour nous balade ainsi à Rome et en Angleterre, en mettant à mal le cliché d’un peintre prétendument obsédé par la seule exactitude topographique. La sélection montre, au contraire, que Canaletto n’a jamais oublié son premier amour : le caprice. Ces paysages réels, mais revisités et agrémentés de ruines et de personnages pittoresques, irriguent toute sa carrière. Cette inclinaison pour la poésie et l’inventivité est particulièrement manifeste dans ses grands tableaux romains et ses très beaux dessins de la Tamise. On y découvre par ailleurs d’étonnants paysages de fantaisie. Romantiques avant la lettre, ils dépeignent des ruines baignées d’une lumière fantastique, très éloignées de ses « cartes postales » vénitiennes. On pourra toutefois regretter quelques fautes de goût. Ainsi, la première salle dédiée à Rome, pourvue de chandelles et de musique d’opéra, est assez kitsch. De même, l’hommage contemporain de Gianfranco Iannuzzi – une installation multimédia se reflétant dans un bac d’eau – prête à sourire plus qu’à la réflexion ou à la contemplation. Hormis ces réserves, le galop d’essai est réussi.

« Canaletto, Rome, Londres, Venise. Le triomphe de la lumière »

Caumont Centre d’Art, 3, rue Joseph-Cabassol, Aix-en-Provence (13), www.caumont-centredart.com

Légende Photo :
Canaletto, Venise, le Bucentaure de retour au Môle le jour de l'Ascension, 1760, huile sur toile, 58,3 x 101,8 cm, Londres, The Dulwich Picture Gallery © By Permission of the Trustees of Dulwich Picture Gallery, London

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Les caprices Vénitiens de Canaletto à Aix

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