En 2019, Gregory Forstner peint une série de tableaux librement inspirés des nains de Velázquez et titrés « Des fleurs pour les audacieux » : des bulldogs habillés, tenant dans leurs mains un bouquet de fleurs.
Ce détail est devenu le sujet principal de la série suivante, du même titre, que l’artiste expose à Montpellier. Série de fleurs réalisée en 2020, en plein confinement. On serait tenté de dire donc, qu’avec ce moment de privation de contact humain, la figure sort du répertoire de l’artiste. Et pourtant. Tout, dans ces nouvelles œuvres, reste lié au corps. Les immenses formats colorés, d’huile sur lin, sont expérimentations, de gestes, d’outils, d’effets de matières, qui engagent physiquement le corps de l’artiste et celui du spectateur. Urgence, violence du geste, minimalisme de la trace, empreintes fugitives et fragiles : ces fleurs sont des bouquets de nerfs qui incarnent les tensions du peintre, ses élans corporels, ses désirs et ses tremblements aussi. Un flamboiement de couleurs, avant que tout ne disparaisse dans un fondu noir. Parce que ces fleurs sont vanités, bien sûr qu’elles nous ramènent au corps. Comme ses petits dessins noirs, au pastel, dont le travail dit et la présence et l’effacement. Ici, fleur noire, trace de ce qui est beau parce que cela ne dure pas. Là, squelette en « nœud pap », cigare au bec et rire dément. Caractéristique de la peinture de Forstner, qui embrasse une part de la force critique de la tradition expressionniste, on retrouve dans ces dessins à la fois le carnavalesque et l’effroi, l’humour et l’audace.
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Les bouquets de nerfs de Gregory Forstner
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : Les bouquets de nerfs de Gregory Forstner