Pour un musée, exposer la lithographie s’apparente à une gageure : déjà parce que ce procédé de reproduction quasi illimité d’une œuvre sur papier à partir d’une pierre calcaire souffre d’un certain mépris, ensuite parce que, comme le dit Élisabeth Pons, qui dirige l’atelier que son père, Jean Pons (1913-2005), avait créé en 1938 : « La lithographie est une histoire de complicité entre un artiste et un maître lithographe. »
Or, rien n’est plus difficile que de rendre intelligible cette « complicité ». Difficile, mais pas impossible, comme le démontre avec bonheur le Musée de l’hospice Saint-Roch, qui s’est fait une spécialité dans la conservation et la monstration des œuvres sur papier ; spécialité que l’acquisition en 2011 d’un ensemble de quatre cents lithographies de l’atelier Jean Pons est venue conforter. Après trois ans d’inventaire, cet ensemble sert donc de point de départ à l’exposition « L’Atelier Pons et l’École de Paris » qui présente trente-cinq ans de collaboration entre des artistes, peintres et sculpteurs et un homme qui a porté haut les couleurs de son métier. Peu de lithographies signées et numérotées sont accrochées, mais des pierres encrées face à leurs reports sur papiers, des passes successives de couleurs, des affiches, des épreuves d’artistes et des bons à tirer annotés par les artistes les plus importants de l’après-guerre : Appel, César, Hartung, Soulages, Vieira Da Silva, Zadkine… sans oublier Michaux, le poète. « Où j’ai fait des X surtout il faut serrer », indique Poliakoff à Pons ; « Le violet un peu plus lumineux (une nuance) », précise quant à lui Lapicque ; « Laisser paraître du noir », demande Lanskoy sur une Composition de 1974 qui, avec ses quinze couleurs, a tout du chef-d’œuvre. À côté de ces épreuves, peintures et sculptures font le lien entre l’univers de l’artiste et sa « traduction » sur la feuille. Avec un regret : qu’il n’y ait pas davantage de documents, parmi lesquels des photographies, présentés. Ils auraient sans doute permis de mieux incarner la rencontre physique entre deux sensibilités, et leur complémentarité. À défaut, il faut s’approcher des épreuves et lire leurs dédicaces, comme celle de Poliakoff « À [son] ami Jean Pons ».
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Les artistes, à leur ami Pons
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Abonnez-vous dès 1 €Musée de l’hospice Saint-Roch, rue de l’Hospice-Saint-Roch, Issoudun (36)
tél. 02 54 21 01 76
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : Les artistes, à leur ami Pons