Les Antilles avant Colomb

Pourtant, ces peuples amérindiens ont fait l’histoire de l’archipel des Caraïbes pendant plus d’un millénaire, avant l’arrivée de Christophe Colomb et la colonisation espagnole, qui a causé leur quasi-extinction par un choc épidémique. Depuis une vingtaine d’années, l’archéologie tente de reconstituer cette histoire effacée. Contrairement aux vestiges en pierre des civilisations andines ou d’Amérique centrale, leurs constructions en bois n’ont laissé que peu de traces. L’exposition resitue ces deux cultures, structurées et organisées, loin de l’image de « sauvages » véhiculée par les sources coloniales. À partir des objets conservés dans les collections publiques françaises, c’est une histoire à trous qui se dessine : des éléments bien documentés, comme le rituel hallucinogène de la Cohoba chez les Taïnos des grandes îles des Caraïbes, sont confrontés aux rares haches ouvragées, casse-têtes en bois des Kalinagos, qui occupent quant à eux le chapelet d’îles des petites Antilles. Trente ans après une exposition remarquée du Petit Palais consacrée aux sculpteurs Taïnos, ce parcours offre une perspective moins esthétisante mais plus didactique sur l’histoire de ces deux cultures. De belles pièces sont montrées, comme l’un des sièges cérémoniels Duho ou une belle statuette Zemi – représentant un ancêtre – venue des collections du Musée de Bar-le-Duc. L’intérêt de l’exposition réside aussi dans les points d’interrogation soulevés : naissante, pour ne pas dire balbutiante, l’étude des peuples amérindiens des Caraïbes se relève de siècles d’ignorance. La fin de l’exposition montre toutefois que l’héritage Taïno et Kalinagos est toujours bien vivant, comme à Porto Rico, où la population se réapproprie son ascendance Taïno.