L’image a fait le tour du monde et trône comme il se doit au milieu de l’exposition : Yoko Ono et John Lennon allongés dans les draps blancs d’un lit autour duquel s’empressent journalistes et photographes.
Nous sommes en 1969 et l’artiste d’origine japonaise (aujourd’hui âgée de 89 ans) et son mari musicien (décédé en 1980) sont des célébrités, mettant leur image à profit pour promouvoir la paix dans le monde. Autre temps, autre lieu : Zurich rend donc hommage à l’artiste-star – et c’est l’aspect le moins pertinent – mais aussi à l’artiste avant-gardiste. L’exposition met le focus sur les années 1960, une faste décennie pour la création de Yoko Ono, proche de la scène musicale expérimentale (John Cage) comme artistique de son temps. De ses performances audacieuses, il reste une documentation filmée ou photographique, des esquisses, des notes ou des cartons de vernissage. L’exposition s’évertue à montrer une Yoko Ono pionnière dans le domaine de l’art conceptuel à travers des pièces maîtresses de sa création, tel l’ouvrage Grapefruit, un petit carnet d’instructions publié en 500 exemplaires en 1964, écrit en japonais et en anglais, qui pose d’emblée le principe qu’une œuvre d’art peut être un pur produit de la pensée et ne doit pas être systématiquement réalisée. Pionnière, Yoko Ono l’est aussi dans son approche politique de l’art, abordant tant les questions environnementales (sa machine à capsules d’air pur, vendues pour 0,50 € pièce, créée en 1971), que sociétales (un féminisme assumé dans sa performance filmée Cut Piece de 1964, au cours de laquelle ses habits sont, l’un après l’autre, découpés aux ciseaux par un homme – une voie qu’emprunteront à sa suite nombre d’artistes contemporains. C’est dans la re-mise en scène des performances devenues entre-temps cultes que l’exposition se montre cependant la plus innovante et la plus interactive : les visiteurs sont par exemple invités à se couvrir de grands voiles noirs mis à disposition pour rejouer la pièce Bag Piece ou à réparer des tasses en céramique cassées selon les instructions de l’artiste.
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Les années 1960 de Yoko Ono
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Les années 1960 de Yoko Ono