Art Moderne - Voilà quelques années que l’œuvre en clair-obscur de l’artiste belge Léon Spilliaert est sortie de Belgique, faisant halte dernièrement, en 2020, au Musée d’Orsay.
Aujourd’hui, c’est à la Fondation de l’Hermitage, sur les hauteurs de Lausanne, que les tableaux et les dessins de ce contemporain de James Ensor ont pris ancrage, pour la première exposition de cette ampleur consacrée à l’artiste belge en Suisse. Provenant de 54 collections, 103 œuvres, dont une vingtaine de prêts inédits issus de collections privées, offrent un vaste et dense panorama de son travail : représentations de front de mer à Ostende et du vaste horizon marin, qui ne font pas l’impasse sur la dure réalité de la vie des gens de la mer ; magnifiques portraits énigmatiques de femmes en intérieur ou en silhouettes solitaires face aux grands éléments ; natures mortes constituées d’alignements de flacons de parfum, déconcertantes de simplicité, et, enfin, longue série d’autoportraits, condensés d’introspection réalisés au fil des années, qui occupent une salle entière. Le noir et le blanc qui dominent les dessins à l’encre de ses débuts cède peu à peu la place à une palette de couleurs lumineuse et plus étoffée, comme en témoignent ses paysages bruxellois de la maturité. Jeu de perspectives, longues lignes diagonales, grande précision et clarté du trait, réduction formelle d’un objet, paysage ou silhouette : tout chez Spilliaert semble participer de cette métamorphose d’une réalité devenue « abstraite ». L’exposition concoctée par l’équipe de la fondation lausannoise, avec l’aide de la spécialiste belge du peintre Anne Adriaens-Pannier, offre une approche plus nuancée de l’œuvre principalement graphique de Spilliaert – sur 5 000 œuvres en cours d’être répertoriées, on compte seulement 61 peintures. Souvent réduit aux premières années d’activité du peintre flamand, focalisé sur la place occupée par le vide, le silence et le mystère et faussement associé au mouvement symboliste, le magistral travail de Spilliaert fait à Lausanne l’objet d’une exposition à la hauteur de son caractère inclassable.
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Léon Spilliaert, un monde à soi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : Léon Spilliaert, un monde à soi