CHATOU
Le Musée Fournaise continue à explorer les scènes de vie des enfants au XIXe siècle avec des œuvres de plus de 40 peintres.
Chatou. Après s’être intéressé aux très jeunes enfants en 2014, le Musée Fournaise convoque de nouveau les petits maîtres du XIXe siècle pour explorer, cette fois, la préadolescence. C’est à la fois une plongée à travers 46 œuvres dans la place des enfants dans la société, des années romantiques à la Première Guerre mondiale, et une occasion de découvrir des peintres.
Qui se souvient d’Auguste Couder (1790-1873) auteur de L’Enfant aux prunes (vers 1830) ? La Fête de Sosthène (1897), exposé au Salon de 1895, est le seul tableau connu de Blanche Paymal-Amouroux (1860-1910). Il est, certes, un peu maladroit dans le traitement d’un bras de l’enfant, mais la frimousse du petit rouquin en blouse bleue est touchante sans être mièvre. Angèle Dubos (née en 1844) est dans le même cas : Le Bonnet d’âne (vers 1880-1885), conservé au Havre et restauré pour l’occasion, est son seul tableau connu. Les femmes ne sont pas rares dans l’exposition. On sait que, pour nombre d’entre elles, le sujet des enfants, considéré comme mineur, était un terrain de travail autorisé. Elles en avaient aussi le goût, comme Mary Cassatt ou Berthe Morisot. Modeste, le Musée Fournaise ne présente pas ces gloires de l’impressionnisme, mais Portrait d’enfant en marinière (1910), un dessin au fusain en collection privée de Suzanne Valadon (1865-1938).
Les musées en régions, propriétaires ou dépositaires de ces œuvres naturalistes qui constituent la masse des fonds français du XIXe siècle, ont beaucoup contribué à l’exposition. Le château de Vitré conserve C’est trop chaud ! (XIXe siècle) de Narcisse Chaillou (1837-1916), une toile de grande qualité montrant une jeune Bretonne soufflant sur sa soupe, ainsi que Le Prix d’honneur (avant 1905) figurant une autre fillette posant avec son gros livre sous le bras. Dans La Classe manuelle, école de petites filles (1889) de Richard Hall (1857-1942), d’autres petites Bretonnes s’initient au tricot, assises en rond autour de leur enseignante. En 1894, Uranie Colin-Libour (1831-1916) présente une jeune maman de la bourgeoisie apprenant la lecture à sa fillette dans La Première Leçon.
Si les filles sont souvent représentées aidant leur famille aux travaux ménagers, les garçons apparaissent réellement au travail. Les jeunes bourgeois, bien sûr, sont épargnés. Ainsi, Alphonse Louis Galbrund (1810-1885) peint le Portrait d’Edgar Degas enfant tenant un livre sur les genoux (vers 1840) et Philippe Peyrane (1780-1865) montre ses fils, Ernest et Léopold, posant en pêcheurs à la ligne près d’une rivière (1838). Mais, en 1832, Auguste de Chatillon (1808-1881) trouvait sans peine un Petit Ramoneurà peindre dans la grande tradition du XVIIIe siècle. Ce poète, ami de Victor Hugo, dénonçait le travail des enfants. Cependant, en 1857 encore, dans Les Forgerons. Souvenir du Tréport, François Bonvin (1817-1887) montre un tout jeune garçon dans la forge… Ce n’est qu’au tournant du siècle que l’on peut réellement voir des garçons du peuple jouant, comme Les Petits Pêcheurs au pont de Lagny (1895) d’Alphonse Lint (1848-1900).
jusqu’au 4 novembre, Musée Fournaise, Île des impressionnistes, 78400 Chatou.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°504 du 22 juin 2018, avec le titre suivant : L’enfance illustrée par les petits maîtres