Le verre à l’office

Les commissaires ont donc sollicité les artistes et les ateliers pour rassembler les documents qui ont permis l’élaboration de l’œuvre et les panneaux-tests, c’est-à-dire les vitraux réalisés pour des essais. À hauteur du regard, les détails des verres sont saisissants et témoignent de cette créativité artistique qui éclate dans les églises et cathédrales après la Seconde Guerre mondiale. Le temps est à la reconstruction et à la modernité de l’Église. Mais il a fallu la témérité de quelques-uns pour faire entrer des artistes contemporains dans ces lieux de spiritualité. Ce sont d’abord de grands chantiers qui font intervenir Rouault, Matisse, Léger et Braque invités à l’église d’Assy par le père Couturier. En 1955, la cathédrale de Metz est le premier monument historique à recevoir des vitraux contemporains de Jacques Villon et Marc Chagall grâce à la détermination de Robert Renard, architecte en chef des Monuments historiques. À mi-parcours de l’exposition, le très long chantier de la cathédrale de Nevers (entre 1962 et 2011) qui rassemble en 1981 Jean-Michel Alberola et Claude Viallat marque un tournant. Les années 1990 initient un retour à la simplicité : un seul artiste pour un seul lieu. Soulages joue avec la matière du verre à Conques, Aurélie Nemours cherche la couleur pure pour l’église du prieuré de Salagon, Robert Morris crée une onde de verre qui se propage à toutes les baies de l’ancienne cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone. Bien d’autres, plus récents, sont absents de cette exposition qui se présente comme une synthèse intelligemment articulée de cet art d’une lumineuse spiritualité.