Le triomphe de Guido Reni

Et plus encore. Le genre de grande monographie que l’on ne voit qu’une fois dans sa vie. Avec 130 œuvres au compteur, la rétrospective Guido Reni est tout simplement la plus vaste jamais consacrée à ce dieu de la peinture. Le « divin », c’est d’ailleurs l’épithète dont l’avaient gratifié ses contemporains subjugués par son talent et ses facultés à rendre sur toile et a fresco les passions sacrées autant que profanes. Vedette du baroque maniant comme personne un alliage de grâce et de force, il est l’auteur d’images, que dis-je, d’icônes, qui vont influencer ses admirateurs jusqu’au XIXe siècle. Ses héroïnes tragiques deviennent ainsi un modèle du genre, tout comme ses Madeleines pénitentes et, bien sûr, ses variations sur l’Ecce Homo souvent copiées mais jamais égalées. C’est bien là le malheur du Guide. Vénéré de son vivant, il dut produire beaucoup pour répondre au désir des commanditaires, mais aussi pour renflouer les caisses, car ce joueur invétéré perdait des sommes astronomiques dans les tripots romains. Pour honorer son carnet de commandes, il a été secondé par un atelier pas toujours à sa hauteur et a été par la suite abondamment copié par des suiveurs guère inventifs. Cette popularité a inéluctablement suscité une foule d’œuvres de moindre qualité qui brouillent son image. N’exposer que les meilleures œuvres autographes et les confronter permet de retrouver la substantifique moelle de son art et comprendre la fascination qu’il a exercée. Quel choc face à cette réunion historique, véritable festival de chefs-d’œuvre et de tableaux plus confidentiels, mais d’une puissance sidérante, à l’instar du David, conservé dans un petit musée allemand, qui imprime durablement la rétine. Dès la salle d’ouverture, le ton est donné avec ses immenses Assomptions : le paradis sur terre ! L’ensemble du parcours est du même acabit, avec un accrochage limpide, nourri de rapprochements qui feront date et magnifié par un éclairage caressant. Bravo !