D’Antonio Verrio (1636-1707), on ne savait pas grand-chose. Tout juste avait-on reconstitué une trajectoire fragmentaire racontée par sa peinture et ses décors.
Des œuvres qu’il réalise en s’adaptant à chaque étape géographique d’une vie parfois aventureuse et volontiers intrépide : Lecce, Toulouse, Paris, puis l’Angleterre où le peintre italien va passer vingt-cinq ans en maître du décor, peintre de cour et passeur décisif du baroque italien de l’autre côté de la Manche.
Lecce d’abord, dans le royaume de Naples qui fut probablement celui de sa formation. Verrio y peint des tableaux d’autels avec de singulières variations de manières tirant vers le naturalisme, mais toujours en coloriste téméraire, surfaces animées, osant des accords audacieux, excellant déjà dans le rendu puissamment mouvementé des drapés et plis d’étoffes, probablement sous l’influence du peintre régional et baroque Giovanni Andrea Coppola (1597-1659).
Toulouse ensuite, où Verrio s’attarde en 1665. C’est là qu’il peint l’un des fleurons du musée des Augustins, le Saint Félix de Cantalice (1665-1670), un grand tableau autour duquel s’articule le parcours et qui bénéficie d’une double exposition : celle de la toile et celle de sa récente et spectaculaire restauration largement documentée et mise en scène. Verrio y peint la vision de la Vierge du premier saint de l’ordre des frères capucins, et, comme le fit Rubens, le représente en robe de bure nouée par une corde, traditionnel baluchon à aumônes. Vieillard au visage d’une douceur toute terrestre, il tient dans ses bras l’Enfant Jésus, uni à la Vierge par une lumineuse oblique.
Plus téméraire, Verrio peint encore à Toulouse Le Mariage de la Vierge, une combinaison spatiale complexe dans laquelle les personnages, premiers comme secondaires, semblent se bousculer au premier plan. Plus animée encore, sa Transverbération de sainte Thérèse, risquant une composition triangulaire des plus baroques évoquant le dessin d’un cœur.
En Angleterre, où Verrio s’installe dès 1671, c’est à ses audaces chromatiques et spatiales baroquisantes qu’il devra sa renommée. Plafonds, escaliers, murs, chapelles, halls, celui qui devient « premier peintre du roi » se fait décorateur de haut vol, déclinant avec emphase et force ornements son sens animé de la couleur intense et acide, des tentures tourmentées et de spectaculaires perspectives architecturales.
« Antonio Verrio. Chroniques d’un peintre italien voyageur », musée des Augustins, 21, rue de Metz, Toulouse (31), www.augustins.org, jusqu’au 27 juin 2010.
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Le tour d’Europe - d’Antonio Verrio
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°624 du 1 mai 2010, avec le titre suivant : Le tour d’Europe - d’Antonio Verrio