L’univers d’Invader est si résolument ludique et enfantin que le voir décliné sur les murs du Musée en herbe tient presque de l’évidence.
Depuis près de vingt ans, celui-ci dissémine dans l’espace urbain (et dans l’espace tout court) ses créatures pixellisées et low-tech, empruntées aux premiers jeux vidéo et à Walt Disney. Au gré de cette invasion planétaire, il retourne la ville en terrain d’aventure délesté des routines et livré à un vaste jeu – d’escalade, de parcours d’obstacles, de cache-cache avec la police, de déguisement en super-héros insaisissable et toujours masqué. Dans l’exposition « Hello My Game Is » – clin d’œil aux étiquettes destinées aux conférenciers, et déjà largement détournées par le graffiti –, l’artiste prolonge cette disposition ludique entre les quatre murs du musée « pour les enfants de 3 à 103 ans ». Tout y est invitation au jeu : les masques et bornes d’arcade disposés à hauteur de tout petit dans la première salle, l’évocation photographique de l’invasion déployée depuis 1998 dans le monde entier, et dont il s’agit de retrouver l’alias sur les murs du musée, les œuvres en Rubik’s Cube qui ne livrent leurs détails qu’à travers des jumelles, la reconstitution de l’atelier de l’artiste (le « Mothership ») où les visiteurs sont invités à composer leurs propres Aliens à grand renfort de magnets, et jusqu’aux dépliants et au catalogue de l’exposition, conçus comme des cahiers d’activités. Cette scénographie ne dévoile pas seulement Invader comme une sorte de Peter Pan voué à remixer les jeux de son enfance : elle révèle la viralité d’une démarche d’emblée conçue comme un exemple contagieux, comme une invitation à ne pas céder un pouce de terrain au sérieux des grandes personnes.
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Le syndrome de Peter Pan
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Abonnez-vous dès 1 €Le Musée en herbe, 23, rue de l’Arbre-Sec, Paris-1er, www.museeenherbe.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°700 du 1 avril 2017, avec le titre suivant : Le syndrome de Peter Pan