Le surréalisme social de Jeremy Deller

Cet été, il est (enfin) mis à l’honneur en trois lieux de la capitale bretonne, avec une exposition ambitieuse qui rassemble des œuvres réalisées entre les années 1990 et aujourd’hui, sans parcours chronologique ni thématique. Dès la verrière de l’entrée du Musée des beaux-arts, nous sommes accueillis par un snack-bar qui sert gratuitement des boissons aux visiteurs : la réplique d’un bar réel que l’artiste avait réalisé dans le cadre d’une parade organisée pour répondre à une commande publique à Manchester. Dans les salles suivantes sont présentées d’autres installations, nées de performances ou de rencontres, alternant les sujets lourds (les violences policières ou le Brexit) et d’autres plus légers. Car si le travail de Jeremy Deller, qui aime parler de « surréalisme social », se situe à la lisière de l’anthropologie et reste profondément politique, il est toujours teinté de dérision. Ainsi, le vaste projet des « Folk Archive », présenté au Frac Bretagne, rassemble des objets divers – banals ou insolites – que l’artiste a collectés entre 1999 et 2005. Ensemble, ils dressent un « compte rendu visuel dynamique de la culture populaire britannique contemporaine ». Enfin, son travail graphique est mis à l’honneur à La Criée. Affiches et œuvres imprimées, que Jeremy Deller n’a jamais cessé de réaliser depuis ses débuts, tapissent les murs du centre d’art en all-over. Plus frontalement politique, cet espace permet d’appréhender de manière directe son humour caustique. Il donne aussi un bon aperçu des sujets qui irriguent l’ensemble de sa pratique – les contre-cultures, notamment musicales, Stonehenge, les références à la culture populaire, au folklore ou encore les réactions à l’actualité politique.