Le Sud de Picasso

Une dizaine de pièces majeures, des peintures, des sculptures, des photos, des photogrammes pour illustrer ces années d’intense production sont présentées à Cannes. Le peintre et son modèle est un thème qui revient de façon récurrente jusqu’à la fin de sa vie, métaphore de l’artiste qui s’interroge sur la représentation, sur son art. Deux interprétations du Déjeuner sur l’herbe, chef-d’œuvre de Manet dont Picasso s’empare avec délectation et jouissance et qu’il paraphrase, comme celui-ci s’était inspiré du Concert champêtre de Titien.

La dernière salle est en grande partie consacrée à un travail plus méconnu de Picasso parce qu’incompris par les critiques lors de sa parution en 1962. Il s’agit du passionnant ouvrage Diurnes, né de la complicité naissante entre le photographe André Villers et Picasso, accompagné d’un texte surréaliste de Prévert. Un travail complexe de découpages du maître photographiés par Villers et élaborés en un savant photomontage par les deux complices. La dernière séquence se compose de clichés de Villers, très connus quant à eux pour la plupart, montrant un Picasso intime, avec Jacqueline, ses enfants, à la corrida ou dans ses ateliers, notamment l’atelier de céramique Madoura où on le voit se livrer avec toujours la même voracité à son œuvre.