À Salernes, dix street artistes ont été invités à s’emparer de ce matériau traditionnel qu’est la céramique. Avec un bonheur inégal.
Salernes (Var).« L’art ne vient pas se coucher dans les lits qu’on a faits pour lui ; il se sauve aussitôt qu’on prononce son nom », écrivait Jean Dubuffet en 1960 au sujet de l’art brut. Le propos pourrait s’appliquer à l’art urbain, né dans la rue, offert à tous, avec la double volonté de défier l’autorité et de résonner avec son environnement.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis ces débuts. Les institutions, d’abord rétives, n’ont de cesse désormais d’inviter le street art entre leurs murs, avec la volonté affichée de se montrer attentives aux multiples formes que prend l’art actuel, et dans le but moins avoué de faire du chiffre en attirant le chaland. Le street art est convié aujourd’hui à la Maison de la céramique de Salernes, ouverte depuis 2010 dans une ancienne usine restaurée par Jean-Michel Wilmotte. « Le musée s’inscrit dans les 5 000 ans d’histoire du travail de la terre développé dans la région, mais il doit également se tourner vers le contemporain. Ce travail de la céramique est une nouvelle branche qu’on ajoute au street art ; le travail en volume ne peut qu’intéresser les artistes, explique Guy Moch, commissaire de l’exposition. C’est un vrai défi pour eux : sur les dix sélectionnés, seul Jacques Villeglé avait déjà travaillé la céramique. »
Pour d’autres, comme Miss. Tic ou Jérôme Mesnager, l’exercice est raté. La céramique relève du support plus que du médium et leur langage se voit relégué au rang de motif décoratif à caractère domestique, bien loin de l’énergie frondeuse, de la prise de risque et du dialogue avec le contexte que peut offrir le street art.Toute tentative d’enfermer le mouvement entre quatre murs est un exercice périlleux.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le street art s’embourgeoise
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°485 du 22 septembre 2017, avec le titre suivant : Le street art s’embourgeoise