Le street art de l’autre côté du mur

Le parcours démarre par une évocation historique du phénomène en France au travers de photographies et d’œuvres de pionniers : Ernest Pignon-Ernest et Gérard Zlotykamien pour les années 1960, Blek le Rat, Jef Aérosol et Jérôme Mesnager pour les années 1980. L’exposition se poursuit avec les créations de onze artistes actuels, stars ou figures montantes : le légendaire Banksy, à l’identité secrète, côtoie C215, Dran, Invader, L’Atlas, Ludo, Miss. Tic, Rero, Shepard Fairey, Swoon et Vhils. Une douzaine d’espaces différenciés offre un large échantillon du street art, art de rue et de ruse qui connaît de nos jours un véritable engouement populaire, doublé d’un intérêt grandissant du marché de l’art pour ses grandes signatures.

L’utilisation de la rue cède la place à un autre lieu de présentation : le musée. On craignait l’embourgeoisement, comme ce fut le cas en 2009 à la Fondation Cartier avec l’exposition « Né dans la rue – Graffiti », tant il était difficile de concilier les tags sauvages avec le prestigieux joaillier ! Mais ici, cela fonctionne ; la modestie du lieu – cimaises en Placoplâtre, grosses tuyauteries au plafond façon Beaubourg – va de pair avec l’esprit de contrebande des artistes exposés. Et, au-delà de la séduction visuelle du mouvement, cette exposition vivifiante permet de voir à quel point le street art est une formidable caisse de résonance pour parler du temps présent : coups de cœur pour le travail rétro-futuriste sur la pixellisation par Invader et pour la dénonciation de la manipulation médiatique par Shepard Fairey.