Le paysage selon Guy Tillim

Second Nature, montré pour la première fois en France dans les espaces du Centre photographique d’Île-de-France (CPIF), marque une autre étape du photographe tant dans sa pratique du médium, ses questionnements que dans son iconographie. Sous ce titre à multiples résonances, Guy Tillim a regroupé pour l’instant deux séries réalisées, l’une en Polynésie Française en 2010, l’autre à Sao Paulo en 2011 ; deux séries où il repense, réinvente, du moins ambitionne de réinventer la photographie de paysage, que celui soit naturel ou urbain.

La première image de cette Polynésie approchée après un long périple en catamaran depuis la Nouvelle-Zélande – une mer opaque agitée sous un ciel bleu clair nuageux, image à laquelle il tient – donne la mesure du face à face que s’est imposé l’auteur avec les éléments du paysage et les difficultés rencontrées pour les restituer, non selon un principe de réalité, mais dans sa représentation toute subjective qu’il s’en représente, à l’instar de ces artistes qui accompagnèrent au XVIIIe siècle le capitaine Cook dans les mers du Sud. La nature des îles polynésiennes comme ses rivages ou ses terres intérieures habitées ou non prennent sous sa palette des couleurs vives et saturées, bien étrangères aux couleurs sourdes de l’Avenue Patrice-Lumumba. Arbres, feuillages, nuages, vent, oiseau, terre, sable, enfant s’avançant sur un chemin… : la précision vertigineuse apportée au trait rend la réalité visuelle palpable et mouvante au gré du vent, de la brume ou de la pluie. Aucune quiétude dans ces photographies, l’étrange pointe, et le surréel, y compris à Sao Paulo, compose une envoûtante exploration de ce qui compose une nature ou une ville.