Le musée dans le musée de Ghibaudo

Ce contemporain baroque, à la croisée de l’art et de la recherche scientifique (anthropologie, botanique, entomologie…), élabore depuis 1990 un « Musée d’histoire in-naturelle » en perpétuel mouvement. Fasciné par l’hybridation, Ghibaudo conçoit sa galerie de spécimens en plusieurs sections et salles dont on a un aperçu ici : vingt œuvres, dessins, sculptures d’animaux mutants et boîtes merveilleuses se donnent à voir, notamment un cerf ailé comme échappé d’une fable et un banc aventureux de cinq cent cinquante poissons qui s’invite dans l’enceinte du château. L’ensemble forme un bestiaire étonnant qui renvoie tant à l’évolution de l’espèce animale qu’à la condition humaine : la métamorphose, qui est le changement d’une forme en une autre, mais aussi un bouleversement complet de l’apparence, modifie notre perception des choses et excite notre curiosité, notre imaginaire. Pour varier les plaisirs, le musée mutant de Ghibaudo est complété dans le parcours par des bizarreries plastiques signées Pascal Bernier, Marc Boulet et Lin Yu, Riccardo Gusmaroli, Novera, Joachim Van den Hurk, Jan Van Oost et Alex Verhaest. Jouxtant le bestiaire sexué déroutant de Bernier et les figurations féminines troublées de Van Oost, l’œuf grandeur nature de Gusmaroli, d’où émergent des personnages qui semblent vouloir s’exprimer, dit tout de notre étonnement existentiel, entre joie et angoisse, face au monde perçu.