Ornans réunit autour du thème de l’eau les paysages de Gustave Courbet et les œuvres de cent vingt artistes, nés entre 1790 et 1960.
ORNANS - « Une promenade dans l’art du paysage aquatique », telle est l’ambition de Jean-Jacques Fernier, conservateur du Musée Courbet, à Ornans (Doubs), pour sa rafraîchissante exposition « Jeux d’eau, de la source à l’océan ».
Si l’accent est mis à juste titre sur les trente-cinq peintures de l’enfant du pays, le commissaire de l’exposition fait aussi la part belle aux autres pièces, choisies selon le principe un artiste/une œuvre, comme il l’explique dans le catalogue : « Pour l’accompagner [Gustave Courbet] dans cette promenade au bord de l’eau, l’exposition présente une centaine d’artistes – certains célèbres, d’autres plus secrets – en une sorte de panorama qui couvre deux siècles d’activité créatrice en France : il y a des anciens et des jeunes, des artistes-vedettes et d’autres, introvertis, certains même un peu oubliés. » Ainsi peut-on voir réunies, non sans étonnement parfois, des peintures aussi différentes que Les Ramasseuses de varech, de Paul Gauguin, La Baigneuse, de Kees van Dongen, ou La Truite, de Paul Rebeyrolle.
Pouvait-on rêver meilleur décor que la maison natale du peintre pour admirer les paysages de Gustave Courbet (Ornans, 1819-Peilz, 1877) ? Ce pittoresque hôtel du XVIIIe, bordant la Loue, dans le charmant bourg d’Ornans, offre une vue imprenable sur ce qui fut la première source d’inspiration du peintre : les eaux du massif jurassien, de la source à la rivière, en passant par la cascade et la fontaine. Sujets récurrents, les paysages de la région ne sont pourtant pas le seul témoignage de son profond amour pour l’élément liquide. On retrouve régulièrement ce thème dans des peintures telles La Plage de Trouville (1865) ou La Plage d’Étretat (1872), à mesure que Courbet découvre la Méditerranée à Palavas, l’Atlantique en Saintonge, la mer du Nord à Ostende ou la Manche en Normandie.
« La mer sans horizon (c’est drôle pour un habitant du vallon) », comme il l’écrivait dans une lettre à ses parents, sut aussi le toucher, donnant lieu à de multiples tableaux ou « paysages de mer », certes plus commerciaux mais jamais dénués d’émotion. Sur les sept cents tableaux peints par Courbet entre 1864 et 1877, plus de la moitié représentent l’eau, d’abord simple élément du tableau puis symbole de vie, de sensualité et de force.
« Des grains de beauté »
Souffrant d’un espace peu propice à une exposition aussi dense, le parcours se divise en cinq séquences réparties sur les différents niveaux du musée. La première est un savoureux voyage chronologique dans le monde de Courbet où se mêlent paysages réels, modifiés et inventés. En effet, bien qu’attaché à la beauté de la réalité, le peintre transformait parfois cette dernière en rajoutant dans ses tableaux « des riens, des grains de beauté ». Cette première partie consacrée au maître des lieux est sans doute la plus réussie. Le passage des sources franc-comtoises, troublantes de vérité, telle Source dans le Jura (1872), aux paysages de mer plus lumineux, ainsi Marine en Normandie (1873), semble en revanche plus maladroit.
La visite se poursuit par des œuvres « aquatiques » parfois secondaires d’artistes contemporains de Courbet, comme Cézanne ou Monet pour les plus illustres, avant un ensemble de vingt-neuf peintres et sculpteurs, de Gauguin à Paul Rebeyrolle. Quant à la présence en fin de parcours d’artistes francs-comtois d’hier et d’aujourd’hui ainsi que quelques photographies des plus beaux paysages de la région, elle apparaît bien moins légitime.
Jusqu’au 10 octobre, Musée départemental Gustave-Courbet, place Robert-Fernier, 25290 Ornans, tél. 03 81 62 23 30, www.museecourbet.org, tlj 10h-12h, 14h-18h.
Catalogue édité par l’Institut Courbet, 172 p., 32 euros ISBN 2-911250-15-X.
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Le Musée Courbet se jette à l’eau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°199 du 24 septembre 2004, avec le titre suivant : Le Musée Courbet se jette à l’eau