En passant commande à des auteurs de bande dessinée, le musée montre son ouverture à d’autres formes d’expressions contemporaines.
PARIS - Depuis quelques jours, la bande dessinée s’affiche dans les espaces restreints de l’entresol du Louvre destinés à accueillir les expositions temporaires d’art contemporain. Associé aux éditions Futuropolis, le Louvre a passé commande à quatre auteurs de bandes dessinées avec cette « contrainte » de faire apparaître l’institution dans leurs dessins.
En s’ouvrant pour la première fois à cette forme de création populaire, le Louvre construit une passerelle entre deux arts que tout semble opposer. Une petite passerelle. Le projet n’a pas la prétention d’anoblir la bande dessinée. Elle n’a pas besoin du Louvre, la reconnaissance de ce 9e art est déjà assurée. Mais contre les préjugés qu’elle peut encore soulever, le commissaire de l’exposition, Fabrice Douar, rappelle que dans cet art « tout est pensé dès l’origine de la même manière que le travail de n’importe quel peintre du passé. »Donner une légitimité artistique à la bande dessinée en l’exposant dans ce lieu hautement symbolique cherche incontestablement à modifier notre regard. Aux yeux du public du Louvre, sont montrés les travaux préparatoires et les planches des auteurs de BD de la même manière que les esquisses des grands maîtres. Les coups de crayons d’Éric Liberge tout comme la palette graphique de Bernar Yslaire sont à rapprocher des œuvres situées dans le département des arts graphiques.
Une institution croquée
Au lecteur de BD est proposée une approche nouvelle sur le Louvre, son histoire, son architecture et ses œuvres. Chaque artiste prend son parti. Nicolas de Crécy interroge l’art, le sens des œuvres à travers le regard d’un groupe de chercheurs découvrant les ruines du Louvre dans une période glacière à venir. Marc-Antoine Mathieu, quant à lui, met en scène par des aplats graphiques en noir et blanc les coulisses de l’institution. Ces choix narratifs et esthétiques offrent ainsi une vision élargie du musée et de l’histoire de l’art.
Du travail préparatoire au rendu final, la scénographie rend compte avec simplicité des techniques et des méthodes de chacun. Toujours en recherche de liens cohérents avec son lieu d’exposition, elle appréhende la vignette comme un tableau, les planches successives comme des triptyques. L’exposition conserve le caractère hybride du genre ; la prépondérance accordée à l’esthétique des planches n’occulte pas les capacités narratives spécifiques à cette forme artistique.
En proposant une commande à des dessinateurs de BD, le musée inaugure un nouvel aspect de sa politique. Enfin, « Le petit dessein », à l’ombre du grand projet historique auquel il fait référence, s’accorde à la volonté du Louvre de s’inscrire dans toutes les périodes qu’il traverse.
Le petit dessein, jusqu’au 13 avril, Musée du Louvre, Aile Sully, Palais Royal, 75001 Paris, Tél. 01 40 20 50 50, www.louvre.fr, tlj sauf mardi 9h-18h, mercredi et vendredi 9h-22h.
Le petit dessein
Commissaires : Fabrice Douar, adjoint au chef du service des éditions ; Sébastien Gnaedig, directeur éditorial, Futuropolis
Scénographe : Marc-Antoine Mathieu
Auteurs : Nicolas de Crécy ; Marc-Antoine Mathieu ; Éric Liberge ; Bernar Yslaire
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Le Louvre en vignettes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°296 du 6 février 2009, avec le titre suivant : Le Louvre en vignettes