Le Mois du Graphisme d’Échirolles est placé cette année sous le signe de la Chine, avec trois expositions, malheureusement décevantes.
GRENOBLE (de notre correspondant). La ville d’Échirolles, dans la proche banlieue grenobloise, a inventé une manifestation originale consacrée au graphisme. Ce sujet est à la fois accessible et peu connu, sauf dans les écoles d’art et quelques revues confidentielles. Mais à moins de passer un mois à Échirolles, les trois maigres expositions placées cette année sous les “Signes de Chine, ouverture économique et création graphique”, ne convaincront certainement pas le visiteur. Au centre culturel La Rampe, dont la réputation a franchi les limites de la ville, une sélection d’affiches remarquées au Festival de Shenzhen est livrée sans autre forme de procès à l’attention du visiteur. La préciosité et le raffinement des cimaises, agencées en paravents et dérivées de motifs géométriques, chinois, contrastent avec une absence d’explication qui ne permet pas déceler un quelconque propos dans l’exposition, hormis celui d’une composition sans fil directeur.
Fétichisation hors sujet
Ce défaut se retrouve dans une moindre mesure au Musée Géo-Charles, où cinq graphistes bénéficient d’une mini-rétrospective. Mais, là encore, la fétichisation de l’affiche enchâssée sur sa cimaise a pris le pas sur son sens. Or, ceci est doublement paradoxal dans un domaine où l’image est un message – publicitaire, philantropique, politique… –, dans un pays où l’idée s’exprime plus qu’en Occident par le signe. La place des idéogrammes, le rapport du lettré à l’image par la calligraphie ne sont qu’esquissés alors qu’ils devraient être au centre de l’exposition. La tentative faite aux Moulins de Villancourt de donner un état de la production graphique échoue elle aussi, car la sélection d’affiches réalisées à l’Académie centrale d’art de design de Pékin montre des travaux certes aboutis, parfois percutants, mais décontextualisés. La Chine, malgré son ouverture au capitalisme, ne doit sans doute pas se contenter de ces productions léchées qui versent parfois dans un esthétisme purement formel. Échirolles propose un regard occidental sur le design chinois mais n’informe en rien sur le poids de ce mode d’expression. La manifestation se contente de proposer des affiches tautologiques qui vantent les mérites de la communication et n’offre que de rares exemples d’affiches engagées (l’écologie aux Moulins de Villancourt) ou plus expressément publicitaires.
MOIS DU GRAPHISME D’ÉCHIÂROLLES, jusqu’au 30 novembre : "Affiches de graphistes chinois", La Rampe, avenue du 8 mai 1945, "Zoom sur cinq graphistes", Musée Géo-Charles, rue Géo-Charles, "Travaux de l’Académie de Pékin", Moulins de Villancourt, cours Jean-Jaurès. Pour les conférences, visites, spectacles et ateliers de pratique, renseignements au 04 76 09 00 24.
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Le graphisme à la peine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : Le graphisme à la peine