Après Velickovic (2015) et Adami (2016), le Musée de l’hospice Saint-Roch expose un autre acteur majeur de la Figuration narrative : Gérard Fromanger.
De cet artiste engagé, on connaît bien les silhouettes rouges, les films-tracts et les portraits de ses amis, tels Jean-Luc Godard et Michel Foucault. Pour fêter les 80 ans du plasticien, le musée d’Issoudun n’a pas fait le choix de la rétrospective, comme Beaubourg en 2016, mais opté pour un parcours chronologique se focalisant principalement sur le rôle joué par la couleur dans sa peinture : environ cent quatre œuvres (toiles, digigraphies, œuvres sur papier), des années 1960 à 2017, ont été choisies par le commissaire Claude Guibert. Le visiteur évolue dans la grande nef du musée en traversant quatre salles thématiques déclinant des séries marquantes de Fromanger, à savoir ses peintures-affiches des débuts (Mai 68), ses batailles des années 1990 autour des guerres du Golfe ainsi que ses dernières séries humanistes, cardiogrammes et peintures-monde, avec toujours pour fil conducteur la couleur. De ce fait, pour bien saisir la production percutante de ce « peintre affichiste » combinant des images en les saturant de couleurs vives, un cabinet d’arts graphiques, rassemblant travaux préparatoires et chartes chromatiques, est présenté. C’est bien là le centre névralgique de cette manifestation, son atout principal aussi, parce qu’en s’attardant ainsi sur le laboratoire à l’œuvre, on est amené à comprendre combien un code couleur bien pensé par l’artiste lui permet d’échapper à l’anecdotique – le moment historique – pour faire triompher la peinture.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Le code couleur de Fromanger
