Le ciel dans le jardin de Mouans-Sartoux

L’espace de l’Art concret ne tombe pas dans la facilité du panorama et du constat catastrophiste, manière de donner bonne conscience au spectateur. Ici, le parcours brosse par petites touches une interprétation de la nature à partir de concepts denses tirés de l’ouvrage de Philippe Descola publié en 2005, Par delà Nature et Culture. Deux axes majeurs se dessinent parmi la vingtaine d’œuvres présentées avec finesse et un sens imparable de l’espace : l’expérience de la nature, approchée par des artistes qui croisent le scientifique à leur observation sensible, et l’esprit naturel, subjectif, ambivalent, transcendantal.
La proposition du commissaire Thierry Davila s’appuie avec intelligence sur le rigorisme des jardins à la française, pour tisser sa toile, depuis les photographies d’Éric Poitevin, un dialogue magnifique entre une plaque de mousse synthétique et une rose de Jéricho concocté par le jeune Gyan Panchal, jusqu’aux sculptures de minéraux d’Hubert Duprat. On retrouve quelques noms habituellement attachés au sujet, de Wolfgang Laib à Giuseppe Penone, de Robert Smithson à Hamish Fulton, mais c’est le genre de redite indispensable. L’exposition, taillée au cordeau comme les modèles de topiaires des jardins de Versailles reproduits dans la cage d’escalier, dessine un jardin spirituel assurément sensible.