Qui lit encore La Henriade ? Ce long poème épique du jeune Voltaire, publié en 1728, connut pourtant un destin fracassant. Pour les lecteurs du XVIIIe siècle, Voltaire n’est pas l’auteur d’une extraordinaire Correspondance, ni même le héros de l’affaire Callas, il est, d’abord, l’auteur de La Henriade. Cycle renouvelé de La Franciade de Ronsard, équivalent national de L’Illiade ou de L’Enéide, La Henriade propulse son auteur au premier plan des écrivains qui comptent à Paris. 60 éditions se succèdent de son vivant, très souvent illustrées. Le mythe d’Henri IV, dont la Restauration devait faire une arme politique, se forma ainsi sous la plume la plus subversive de l’Ancien Régime. D’où un répertoire iconographique, dont l’exposition révèle la richesse et la complexité. De Troy, Lemoine, Vleughels illustrent la première Henriade, puis le texte est remis au goût du jour avec des images signées Gravelot ou Moreau le Jeune, jusqu’à Achille Devéria au XIXe siècle. L’imagerie populaire relaye l’édition savante. Jean Huber, en 1759, montre, dans une célèbre silhouette découpée, le roi apparaissant au philosophe qui semble écrire sous sa dictée. En attendant la légende napoléonienne, celle du bon roi Henri, qui finit par se confondre avec celle du bon roi Voltaire de Ferney, lui aussi débonnaire et patriarcal, pénètre dans toutes les maisons sous forme de gravures, statuettes, pendules et autres bibelots. Eloge crypté de la Régence ou critique masquée du gouvernement royal, ces illustrations traduisent souvent le texte, en font varier le sens et la portée.
- PAU, Musée national du château de Pau, tél. 05 59 82 38 00, 27 avril-30 juillet.
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Le bon roi Voltaire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°526 du 1 mai 2001, avec le titre suivant : Le bon roi Voltaire