PARIS
Exceptionnellement, près de cent quatre-vingts paniers, boîtes et autres vanneries japonaises en bambou sont pour la première fois réunis en France.
Conservées principalement dans les collections américaines, ces pièces sont dévoilées par le Quai Branly dans une scénographie aérée et didactique. L’entrée de l’exposition les replace dans leur contexte d’origine. Importés de Chine au Japon, réceptacles de compositions florales, ils décoraient les cérémonies du thé, que deux alcôves, à la manière de period rooms, viennent reconstituer. Les sections suivantes retracent plus de deux siècles de tressage du bambou. L’exposition fait s’enchaîner des pièces tout en finesse, faites de bambou blond ou brun, de la période Edo à nos jours, réalisées par des maîtres fondateurs, notamment Hayakawa Shokosai (1815-1897), et des créateurs de vanneries plus modernes comme Iizuka Rokansai (1890-1958) – figure de référence que célèbre une véritable exposition dans l’exposition en milieu de parcours. Ce défilé, orchestré par le directeur du musée Stéphane Martin, sert un propos : montrer que « le panier se meut en sculpture », soit le passage d’une vannerie traditionnelle et artisanale à des formes purement sculpturales. La dernière partie du parcours, point d’orgue de l’exposition, rend compte de ce changement en présentant individuellement le travail de sept artistes contemporains. Leurs « sculptures », pour certaines fruits d’une commande du musée, remarquables d’inventivité formelle, trônent sur d’élégants supports blancs, soulignant, si nous n’en étions pas déjà convaincus, leur statut d’œuvre d’art.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : L’artisanat du bambou, tout un art