Si l’importance de la femme celte dans le panthéon gallo-romain n’est plus à prouver, ainsi Tacite louant les augures de Velléda, la femme gauloise fut davantage cantonnée au rôle de gardienne du foyer dans son acception la moins noble, celle de domestique assignée aux rudes travaux.
Les fouilles archéologiques entreprises sur l’oppidum de Bibracte, berceau de la civilisation celte en Morvan, ont permis de mettre en lumière les conditions de vie de ces femmes de l’ombre, que les textes classiques, autant que les rapports de fouille, ont trop souvent éludées. Inscriptions sur poteries et restes d’ossements attestent d’un quotidien laborieux, ponctué de récurrents transports de charges, de gestes mécaniques à la fileuse, sur laquelle les femmes perdaient la vue avant d’y laisser la vie.
L’exposition ne se veut nullement un constat fataliste sur le statut de la femme en ces temps anciens. Les trésors de parure des Gauloises et la richesse des ornements en fer ou bronze, qu’ils soient fibules gravées, torques sertis ou bracelets de chevilles, témoignent surtout du talent des orfèvres celtes. Les ornements soulèvent de nombreuses questions notamment chez les archéologues.
De telles « boules de fer » étaient de lourdes charges pour des femmes déjà rompues aux travaux. Certains y voient un assujettissement aux rudesses d’un époux misogyne, mais le commissaire tempère les idées reçues. « La vie était très dure à l’époque gauloise. Mais, l’art était d’un grand raffinement, contrairement à d’autres civilisations antiques ou l’art reste primitif. L’utilisation peu suivie dans le temps de ces bracelets de cheville confirme la rébellion des femmes au prétendu joug des hommes, qui n’étaient pas les échevelés barbares qu’une imagerie galvaudée nous a trop longtemps imposés. »
Le musée de Bibracte entend bien lutter contre ces images d’Épinal. Au sommet du mont Beuvray, l’excavation d’un village celte, de jardins funéraires et de sites cultuels, fait l’objet de fouilles régulières et d’une conservation accrue. Dans ce haut lieu d’histoire, Vercingétorix fut proclamé chef de la coalition gauloise en 52 avant J.-C. tandis que César y apporta la touche finale à ses commentaires sur La Guerre des Gaules.
« Trésors de femmes, enquête archéologique sur les femmes celtes », musée de la Civilisation celtique, Saint-Léger-sous-Beuvray (71), tél. 03 85 86 52 35, jusqu’au 12 novembre.
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L’art raffiné de nos ancêtres les Gauloises
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°584 du 1 octobre 2006, avec le titre suivant : L’art raffiné de nos ancêtres les Gauloises