Avec l’exposition « Into the Night : Cabarets and Clubs in Modern Art », le Barbican Center offre l’opportunité, originale, d’explorer la relation entre l’art moderne et les lieux de la nuit.
Le propos s’avère ambitieux car la période couverte est large (de 1880 à 1960), ainsi que la géographie parcourue (de Paris à Mexico, en passant par Téhéran). Mais existe-t-il un réel point commun entre ces lieux, si éloignés dans le temps comme dans l’espace ? Il semblerait que oui, dans une certaine mesure. On pourrait d’ailleurs les regrouper en différentes catégories. Ce sont des centres de radicalités artistiques comme l’Aubette à Strasbourg, décorée en 1928 par Sophie Taeuber-Arp, Theo Van Doesburg et Hans Arp, ou le Cabaret Fledermaus, qui promeut aussi un art total, sans exclusion, dans le Vienne des années 1907-1913. D’autres espaces s’affirment comme centres de résistance, tel le Café de Nadie à Mexico où, après la révolution de 1921, les artistes organisèrent la lutte contre le conservatisme, ou encore les clubs à Harlem, où les Afro-Américains cherchaient à définir leur identité dans l’Amérique raciste des années 1920-1940. Enfin, ce sont tous des hauts lieux d’échanges artistiques. La scénographie est intelligente, puisque le visiteur découvre d’abord une succession de salles, qui retracent l’histoire de chaque lieu, avant de visiter quatre reconstitutions de cabarets, dont Le Chat Noir à Paris et le Cabaret Fledermaus à Vienne. La frustration vient toutefois du survol de ces douze lieux, alors qu’on aurait envie d’en savoir plus, notamment sur des scènes moins souvent montrées, comme le Rasht 29 à Téhéran.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°729 du 1 décembre 2019, avec le titre suivant : L’art moderne des cabarets