Loin des musées, des galeries et à l’opposé du « white cube », « Sculptures en l’île » propose d’approcher l’art dans un espace naturel à ciel ouvert.
Les cent œuvres du parcours sont réparties sur quatre sites : d’abord à la gare Saint-Lazare, puis à la maison du Moussel, dans le parc de l’hôtel de ville et, enfin, le site le plus important, sur l’île Nancy. Malgré le fait que plus de quarante artistes différents ont été réunis pour cette 22e édition, une cohérence profonde règne au sein du parcours. Cette cohérence n’est pas tant dans la forme que dans le rapport au lieu, un rapport de révérence, presque de discrétion : il s’agit de s’intégrer à l’élément naturel plutôt que de l’occuper. Toutes reliées au thème de la nature (avec un fort sous-texte écologique), les œuvres agissent sur la forêt comme une force de dévoilement. Elles rendent visibles les dynamiques, les êtres, les imaginaires qui y habitent et qui, habituellement, échappent à notre vue. Deux immenses yeux en amande par Sophie Billard sont suspendus à la lisière du bois dans lequel se rencontrent tour à tour des figures humanoïdes, des formes biomorphiques, des installations symboliques… Le sens de la présentation ne se déploie pas de façon linéaire mais diffuse, à tel point que même si un itinéraire est proposé, rien n’est perdu à ne pas le suivre. L’espace, libre, invite spectateur et promeneur à se confondre dans une seule et même démarche. Un regret cependant vient entacher l’événement : le chatbot mis en place par la mairie pour accompagner les visiteurs. Celui-ci, accessible depuis son smartphone, fournit des informations sur les œuvres rencontrées. Un élément certes ludique, mais très binaire dans son fonctionnement, et qui n’est finalement pas beaucoup plus qu’un audioguide déguisé.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°726 du 1 septembre 2019, avec le titre suivant : L’art à l’air libre
