PARIS
PARIS - Aux termes de dix années d’étude, le Musée Cognacq-Jay, à Paris, a publié le catalogue raisonné des quelque 260 pièces de sa collection de boîtes, tabatières, étuis ou nécessaires, regroupés sous l’appellation « objets de vertu ».
Cette expression est probablement liée à l’émigration des protestants de France qui, à la révocation de l’édit de Nantes, n’ayant pas voulu renier leur foi, se dénommaient les « vertueux » et comptaient dans leurs rangs de nombreux artisans, notamment des orfèvres.
Lorsque cette collection a été léguée par Ernest Cognacq au musée qui porte son nom, en 1928, la plupart des pièces étaient anonymes. Mené par Christiane Grégoire, attachée de conservation au musée, sous la houlette du directeur de l’établissement, José de Los Llanos, un méticuleux travail de recherche a permis de proposer de nombreuses attributions et de retracer l’histoire des objets. L’exposition actuellement organisée au musée en est l’aboutissement. À la fois savant et accessible, le parcours révèle au public des objets aujourd’hui oubliés, alors qu’ils étaient au XVIIIe siècle « le comble du raffinement, associant inventivité artistique et invention technique », souligne José de Los Llanos. En témoigne le décor de la tabatière (1731-1732) exécutée par Daniel Govaers, l’un des orfèvres préférés de Louis XV, ou la tabatière en or et porcelaine (1776-1777) réalisée par Paul Nicolas Ménière illustrée des douze portraits de la famille royale. Il s’agissait souvent de pièces uniques, comme l’exigeait le rang des commanditaires, des grands princes – voire le souverain en personne – qui les utilisaient comme cadeaux diplomatiques.
La vie sociale au XVIIIe
Les objets de vertu étaient réalisés en or auquel étaient associées diverses matières, émail, porcelaine, pierre dure, laque, nacre ou écaille de tortue, requérant à chaque fois un savoir-faire particulier. Exposées aux côtés des boîtes correspondantes, les gravures présentées montrent comment les orfèvres s’inspiraient des artistes à la mode, tel François Boucher. Une journée d’étude sera organisée le 20 mars prochain pour faire état de la connaissance de ces objets résolument « vivants », qui, comme le résume José de Lols Llanos, « en disent long sur la vie sociale du XVIIIe siècle ».
Nombre de pièces : 180
Commissariat : José de Los Llanos, directeur du Musée Cognacq-Jay ; Christiane Grégoire, attachée de conservation
Musée Cognac-Jay, 8, rue Elzévir, 75003 Paris, tél. 01 40 27 07 21, tlj sauf lundi et jours fériés, 10h-18h. Catalogue, éd. Paris Musées, 550 p., 44 euros.
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L’art en boîte
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°363 du 17 février 2012, avec le titre suivant : L’art en boîte